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Voix politique

Forum virtuel 2021 — Cultiver l’art en tant que service essentiel

Le 1er décembre 2021, le volet grand public du 2e Forum virtuel de la FCCF a réuni plus de 100 participants et participantes sous le thème « Cultiver l’art en tant que service essentiel ».

Forte du succès retentissant de son Forum virtuel 2020, la FCCF a poursuivi sa réflexion sur le caractère essentiel des arts et de la culture pour la santé, l’éducation et l’économie.

Axé sur une conférence de la journaliste culturelle Émilie Perreault, animé par la productrice Mathilde Hountchégnon et suivi d’une période de questions, le Forum 2021 a stimulé la conversation sur des enjeux cruciaux pour l’écosystème artistique et culturel en francophonie canadienne et acadienne.

Émilie Perreault

Faire œuvre utile : quand l’art répare des vies

Émilie Perreault aborde les grands thèmes de ses ouvrages Faire œuvre utile et Service essentiel : comment prendre soin de sa santé culturelle. Elle met notamment en relief l’importance de promouvoir une bonne santé culturelle, porteuse d’apaisement personnel et de pacification sociale.

Émilie Perreault

Auteure, animatrice, journaliste culturelle et documentariste, Émilie Perreault a pour mission de donner envie au public de consommer la culture sous toutes ses formes. Par son travail, elle met en lumière le caractère essentiel de l’art et son pouvoir sur la vie des gens. Émilie Perreault a notamment été chroniqueuse à l’émission de radio Puisqu’il faut se lever de Paul Arcand, collaboratrice à l’émission Cette année-là sur les ondes de Télé-Québec et animatrice de sa propre émission, Faire œuvre utile, à ICI ARTV. Elle anime la série de balados À nous la culture de la FCCF, lancée au printemps 2021.

Questions à la conférencière

Émilie Perreault

Les plus grands déclencheurs ont été mes enseignants. Je pense notamment aux deux enseignants qui m’ont transmis leur amour du théâtre, ce qui a fortement influencé mon parcours académique. Mon rapport à la lecture a également débuté à un très jeune âge. Le rôle des enseignants consiste à marquer les élèves par leur démarche.  En organisant des visites d’artistes dans les écoles primaires et secondaires ou des sorties dans des centres culturels, ils donnent la chance aux élèves de s’exposer à la culture. C’est souvent dans le cadre scolaire, par exemple, qu’on assiste à ses premiers spectacles. Les arts doivent être accessibles à tous les élèves, sans exception ni segmentation. On devrait accorder une plus grande place aux arts dans le cursus général, et non les réserver à ceux qui ont choisi l’option artistique.

Témoignage d’Alain Richard, enseignant à l’École publique de la Découverte, en Ontario, et participant à La ruchée

Émilie Perreault

Il est capital de sensibiliser les politiciens. Je me suis donné pour mission de travailler auprès des consommateurs de culture afin qu’on cesse de reléguer les arts et la culture à la catégorie des loisirs et du divertissement, et qu’on prenne conscience qu’un geste culturel représente une action concrète. Les politiciens doivent également reconnaître ce principe.

C’est pour cette raison que j’insiste sur le fait que les artistes ne sont pas des bénévoles. Comme je l’explique dans mon livre Service essentiel : « Disons-le une fois pour toutes : être artiste est une fonction à part entière dont nous avons besoin dans une communauté. Le travail de cette personne n’a pas à être bénévole ; il n’est pas moins important parce qu’on y associe une notion de plaisir. »

Pendant la pandémie, j’ai souvent pensé à cette citation du poète français Jacques Prévert : « J’ai reconnu mon bonheur au bruit qu’il a fait en partant. » C’est quand j’ai été privée d’art que j’ai réalisé son importance dans ma vie. Cette prise de conscience s’est confirmée lorsque je suis retournée dans une salle de spectacle après la longue pause.

Témoignage de Josée Thibeault, auteure, metteuse en scène, directrice artistique et artiste de la parole, en Alberta

Émilie Perreault

On parle beaucoup de retombées économiques, mais peut-être devrait-on parler de retombées émotives, qui ne se chiffrent pas. Le meilleur exemple à suivre sur la scène internationale, c’est celui du gouvernement de la Corée du Sud, qui verse 500 millions de dollars par année au ministère de la Culture pour stimuler l’exportation de produits culturels. Le film sud-coréen Parasite a d’ailleurs remporté quatre Oscars en 2020, dont l’Oscar du meilleur film. Cela représente de grandes retombées économiques.

Je pense également à la mesure Première Ovation, instaurée en 2008 par le maire Régis Labeaume dans la foulée du 400e anniversaire de la Ville de Québec, dont l’objectif consiste à financer les artistes de la relève afin de faciliter leur rétention. Grâce au succès de cette initiative, beaucoup d’artistes de la région ont poursuivi leur carrière à Québec au lieu de s’établir à Montréal. Dix ans plus tard, on en a constaté les retombées : la majorité des finalistes des Francouvertes 2018 venaient de la Ville de Québec.

C’est la preuve que des mesures peuvent être mises en place. Avec de la patience et des investissements judicieux, les gouvernements réussissent à créer une communauté artistique et culturelle forte et durable. La rétention des artistes est capitale.

Témoignage de Trevor Murphy, musicien, animateur radio et gérant de la maison de disques Acadian Embassy, en Nouvelle-Écosse

Émilie Perreault

Il faut profiter de cette période pour réfléchir aux pratiques culturelles qui nous font du bien. Nous devons sensibiliser le public et les gouvernements afin de susciter une réflexion approfondie. J’ai d’ailleurs lancé le défi aux abonnés de mes réseaux sociaux de commencer leur journée avec un geste non utilitaire, qui ne prend racine ni dans la productivité, ni dans l’empressement matinal. Je suis remplie d’espoir. Si on lance la conversation, on sera étonnés du nombre de personnes qui se sentiront interpellées.

Je termine en citant le peintre et romancier Marc Séguin, que j’ai eu le plaisir de recevoir en entrevue : Jaimerais que l’art devienne un objet quotidien. […] Pas qu’on le sacralise ni qu’on dise qu’on en a juste besoin dans les gros creux de vagues ou dans les grands malheurs. Que ça reste, comme le réflexe d’ouvrir le robinet pour avoir un verre d’eau.

Témoignage de Michel Vallée, président de Culture pour tous, au Québec

Animation

Mathilde Hountchégnon

Animatrice et productrice, Mathilde Hountchégnon œuvre depuis plus de 10 ans dans l’industrie médiatique et culturelle, et est la fondatrice de la firme de consultation 36 Mille. Originaire de France, elle est installée à Ottawa depuis 2009. Son expérience à l’échelle communautaire et nationale en France comme au Canada (La Chaîne Parlementaire, TV Rogers, Unique FM, TFO, Fibe TV1) lui confère une solide vision des multiples réalités de l’univers médiatique francophone.

Elle a aussi eu l’occasion de collaborer avec la Fédération culturelle canadienne-française et diverses associations et organisations culturelles de la francophonie canadienne et acadienne, dont l’ANIM (Alliance nationale de l’industrie musicale), qui est membre de la FCCF, et l’APCM (Association des professionnels de la chanson et de la musique) dans le cadre de divers événements culturels phares de notre secteur.

Mathilde Hountcheegnon

Photo: Jamie-Kronick